En 2025, la Belgique intensifie sa lutte contre le tabac avec des mesures de plus en plus strictes visant à réduire sa consommation, en particulier chez les jeunes. Alors que le tabac reste l’une des principales causes de maladies évitables et de décès prématurés, les autorités sanitaires multiplient les efforts pour inverser la tendance. Dans cet article, nous faisons le point sur les nouvelles réglementations, les enjeux sanitaires et les moyens mis en œuvre pour construire une société sans tabac.
Pourquoi lutter contre le tabac reste essentiel
Le tabagisme est responsable de près de 15 000 décès par an en Belgique, selon les données de Sciensano. Il est associé à de nombreuses pathologies chroniques : cancers (poumon, gorge, vessie, pancréas), maladies cardiovasculaires, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ou encore troubles de la fertilité.
Chez les jeunes, l’entrée dans le tabagisme se fait souvent entre 12 et 17 ans. La dépendance à la nicotine peut s’installer très rapidement, rendant l’arrêt difficile. Par ailleurs, avec l’essor de la cigarette électronique, l’exposition à la nicotine ne faiblit pas. De plus en plus de jeunes vapotent, souvent sans mesurer les risques associés, bien que différents de ceux du tabac classique.
2025 : de nouvelles mesures réglementaires en Belgique
Depuis plusieurs années, la Belgique s’inscrit dans une politique anti-tabac alignée sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2025, plusieurs mesures clés sont entrées en vigueur :
Fin de la vente de tabac dans les grandes surfaces
Depuis le 1er avril 2025, il est désormais interdit de vendre du tabac dans les magasins alimentaires de plus de 400 m², comme les supermarchés. L’objectif est clair : réduire l’accessibilité physique au tabac, en particulier dans des lieux où la clientèle est très diversifiée.
Interdiction de l’exposition visible des produits
Les points de vente restants (librairies, night-shops, stations-service…) doivent dissimuler les produits de tabac à la vue des clients. Cela signifie que les paquets de cigarettes, tabacs à rouler ou dispositifs de vapotage ne peuvent plus être visibles dans les rayons.
Cette mesure vise à réduire l’effet d’appel visuel, surtout auprès des plus jeunes. Les emballages standardisés et dissimulés contribuent à dénormaliser le produit.
Élargissement des zones sans tabac
Les espaces publics fréquentés par des enfants, comme les plaines de jeux, les abords des écoles ou les arrêts de transport en commun, deviennent progressivement non-fumeurs. Certaines communes vont même plus loin en interdisant la cigarette dans les files d’attente ou aux terrasses de cafés pendant certaines heures.

Focus sur la prévention chez les jeunes
L’un des axes prioritaires du plan anti-tabac en Belgique concerne les jeunes. En effet, prévenir l’entrée dans la consommation est plus efficace que de tenter de faire arrêter les fumeurs déjà dépendants.
Campagnes ciblées
Des campagnes de sensibilisation sont régulièrement diffusées à la télévision, sur les réseaux sociaux ou dans les écoles. Le ton employé est volontairement proche des jeunes, afin de capter leur attention : témoignages, défis, vidéos choc, etc.
Encadrement de la cigarette électronique
Le vapotage, bien qu’à risque moindre que la cigarette classique, fait désormais l’objet d’une réglementation spécifique. Il est interdit de vendre des e-cigarettes aux mineurs, et la publicité est strictement encadrée. Les arômes trop attractifs pour les jeunes (bonbons, cola, fraise) sont dans le collimateur des autorités sanitaires.
Accompagner les fumeurs dans l’arrêt
La lutte contre le tabac ne se limite pas à la répression : elle passe aussi par un accompagnement humain et médical des fumeurs désireux d’arrêter.
Dispositifs de soutien
Les fumeurs belges peuvent bénéficier de consultations tabacologiques remboursées dans les centres d’aide à l’arrêt du tabac. Ils peuvent aussi s’adresser à leur médecin généraliste ou à un pharmacien formé.
Des lignes téléphoniques gratuites comme Tabacstop (0800 111 00) offrent un accompagnement anonyme et gratuit.
Substitution nicotinique et traitements
Les patchs, gommes, inhalateurs ou encore les médicaments sur ordonnance comme la varénicline peuvent être pris en charge partiellement par l’assurance maladie. L’INAMI soutient également les programmes collectifs d’aide à l’arrêt.
Vers une génération sans tabac ?
Le Plan Cancer de la Belgique fixe un objectif ambitieux : atteindre une “génération sans tabac” d’ici 2040. Cela signifie que les jeunes nés après 2010 deviendraient les premiers à ne jamais fumer au cours de leur vie.
Pour cela, plusieurs leviers sont envisagés :
- Augmentation continue des prix du tabac
- Extension des interdictions de fumer à tous les lieux publics
- Suppression progressive des ventes de tabac dans les commerces
- Renforcement de l’éducation à la santé dès le primaire
Des pays comme la Nouvelle-Zélande, qui interdisent la vente de tabac à toute personne née après 2008, inspirent les législateurs européens. En Belgique, des discussions sont en cours pour suivre cette voie, bien que les débats soient encore ouverts.

Un défi économique et sociétal
La lutte contre le tabac implique aussi des enjeux économiques. Le tabac rapporte encore plusieurs milliards d’euros à l’État belge via les accises, mais les coûts liés aux soins de santé dépassent largement ces recettes.
Par ailleurs, les inégalités sociales de santé sont flagrantes : les personnes à faibles revenus sont plus nombreuses à fumer, et ont plus de difficultés à accéder aux soins d’arrêt.
Les politiques publiques doivent donc intégrer une dimension sociale : rendre l’arrêt accessible à tous, sans stigmatiser les fumeurs, mais en proposant des alternatives, un accompagnement et des environnements propices.
En conclusion
La Belgique a franchi une nouvelle étape dans sa politique de lutte contre le tabac en 2025, en misant sur la réduction de l’accessibilité, la prévention ciblée, et l’accompagnement à l’arrêt. Si les chiffres montrent une baisse progressive du nombre de fumeurs, le combat est encore long pour parvenir à une génération sans tabac.
Cette lutte nécessite l’implication conjointe des autorités, des professionnels de santé, du monde éducatif et de la société civile. En tant que citoyens, nous avons aussi un rôle à jouer : sensibiliser notre entourage, soutenir les proches qui veulent arrêter, et exiger des politiques ambitieuses.