La santé mentale s’impose plus que jamais comme un enjeu majeur en Wallonie. À mesure que la demande de soutien psychologique augmente, la région accélère sa transformation pour offrir des services plus accessibles et mieux adaptés aux besoins réels de la population. Une évolution nécessaire : selon l’enquête de Sciensano 2023-2024, 17,8 % des Belges présentent un trouble anxieux et/ou dépressif, un chiffre en hausse depuis 2018.
La Wallonie n’est pas épargnée. Elle affiche même l’un des taux les plus élevés du pays : 21,6 % des personnes de 15 ans et plus présentaient déjà des troubles de santé mentale en 2018. Face à ce constat, des mesures structurelles voient le jour, entre renforcement des soins psychologiques remboursés, élargissement des réseaux Psy107 et programmes ciblés pour les jeunes.
Ces réformes redéfinissent progressivement le paysage de la santé mentale en Wallonie.
Contexte : où en est la santé mentale en Wallonie ?
Les indicateurs montrent une situation préoccupante, particulièrement dans certaines catégories de la population :
- 21,6 % des Wallons présentaient un trouble mental en 2018 (contre 17,7 % au niveau national).
- 17,8 % des Belges souffrent aujourd’hui d’un trouble anxieux ou dépressif (2023-2024).
- 23,1 % des jeunes de 15 à 24 ans sont touchés, ce qui en fait l’un des groupes les plus vulnérables.
- 5,5 % de la population a eu des pensées suicidaires ces douze derniers mois.
- Environ 6 tentatives de suicide pour 1 000 personnes, soit trois fois plus qu’en 2018.
- 1 761 suicides ont été recensés en Belgique en 2022, dont 599 en Wallonie.
- 14,1 % des Belges ont consulté un professionnel pour des difficultés psychiques au cours de l’année.
Ces chiffres témoignent d’une pression croissante sur les services existants et d’un besoin urgent d’adapter l’offre.
Une offre de soins sous tension
La demande augmente, mais les ressources restent limitées :
- 119 501 hospitalisations psychiatriques en Belgique en 2021.
- En Wallonie : 13 maisons de soins psychiatriques, soit 788 places.
- Une densité encore faible de professionnels :
- 2,5 psychologues cliniciens pour 10 000 habitants
- 0,17 psychiatre pour 1 000 habitants, un niveau inférieur à la moyenne européenne.
L’ensemble du secteur fonctionne sous tension, révélant la nécessité de renforcer la première ligne et d’améliorer la répartition des moyens sur le territoire.
Principaux axes des programmes d’amélioration
Augmentation des ressources et accessibilité financière
La Belgique a progressivement élargi le remboursement des soins psychologiques de première ligne. Voici ce que cela signifie concrètement :
Pour les adultes (24 ans et plus)
- Jusqu’à 8 séances individuelles par an, à 11 € la séance (ou 4 € avec intervention majorée).
- 5 séances de groupe par an, à 2,5 € la séance.
- La première séance individuelle est généralement gratuite pour le patient.
Pour les jeunes de 0 à 23 ans
- Depuis le 1er février 2024, l’ensemble des soins psychologiques de première ligne est entièrement gratuit auprès des psychologues conventionnés.
Réseaux de santé mentale
L’organisation des soins repose sur des réseaux multidisciplinaires :
- En Belgique
- 20 réseaux pour les adultes
- 11 réseaux pour enfants et adolescents
- En Wallonie (données AVIQ)
- 7 réseaux pour adultes
- 5 réseaux pour enfants et adolescents
Plan wallon pour les 12–30 ans
La Wallonie a lancé un appel à projets innovants en santé mentale destiné aux jeunes, pour un budget maximal de 6,7 millions d’euros sur deux ans, s’inscrivant dans le Plan wallon de promotion de la santé.
Formation continue et travail en réseau
Les réformes Psy107 encouragent une approche centrée sur le rétablissement et la collaboration :
- Déploiement d’équipes mobiles
- Développement d’interventions communautaires
- Co-construction des projets de soins avec les usagers et les acteurs sociaux
Cette évolution marque un passage d’un modèle hospitalo-centré vers un système plus flexible et orienté vers la proximité.
Accès élargi et proximité
Pour rendre les soins plus accessibles, plusieurs dispositifs ont été renforcés :
- Répartition des psychologues conventionnés au sein de réseaux locaux
- Accès possible sans prescription médicale
- Plateformes publiques d’orientation, comme Parlonsen.be
- Actions ciblées pour les jeunes :
- interventions en milieu scolaire
- dispositifs d’“aller-vers” pour toucher les publics les plus éloignés des services
Impact attendu pour la population
Ces mesures visent plusieurs objectifs concrets :
- Réduire la stigmatisation grâce à des campagnes d'information et de prévention.
- Améliorer l’accès aux soins, notamment dans les zones sous-dotées.
- Renforcer la prévention du suicide, un enjeu majeur face aux 599 décès enregistrés en Wallonie en 2022.
Enjeux à long terme pour la santé publique
À long terme, les autorités espèrent observer :
- Une diminution des coûts liés aux hospitalisations lourdes.
- Une augmentation de la participation sociale et professionnelle grâce à une meilleure santé mentale.
- Une amélioration globale de la qualité de vie, soutenue par une société plus résiliente et plus équitable.

Conclusion
La Wallonie fait face à un défi de taille : répondre à une détresse psychique croissante avec un système qui doit encore se renforcer. Les réformes fédérales et les initiatives régionales vont dans la bonne direction, en rendant les soins plus accessibles, en soutenant financièrement les jeunes et en favorisant des approches plus humaines et collaboratives.
Les prochaines années seront déterminantes. L’enjeu sera de mesurer l’impact des dispositifs déployés pour adapter les politiques publiques au plus près des besoins des citoyens.
Sources :
- Sciensano – Enquête de santé 2023-2024
- Indicators.be – Santé mentale & suicides
- Healthy Belgium – Soins de santé mentale
- IWEPS – Offre de santé mentale
- INAMI – Soins psychologiques de première ligne
- Gouvernement wallon – Plan jeunes & santé mentale


